CR 6000D 2008

« LA COURSE DES GEANTS »

C’est l’autre nom donné à la 6000D, couru à La Plagne (73) ce 27 Juillet 2008.

55km, 3000m de dénivelé positif et 3000m de dénivelé négatif.

 

Le parcours en 3D :

http://www.la-plagne.com/ete/179.128.0.0.1.0.phtml

 

5h15 du matin, j’ai mal dormi mais ce n’est pas bien grave….j’ai envie. Envie de courir, envie d’atteindre le sommet du glacier de Bellecote situé à 3050m d’altitude.

Pour cela, je rejoins la zone de départ au plan d’eau de Macot (altitude 694m), le long de l’Isère, à mi chemin entre Moutiers et Bourg Saint Maurice.


7h45, j’entre dans le sas de départ en compagnie de Dawa Sherpa, il me salue et me souhaite une bonne course. Je fais de même. Sophie est surprise. « Tu le connais ? »

 

Dawa est l’un des meilleurs trailers au monde. Népalais installé en Suisse, il a participé au dernier J.O de ski de fond à Turin. C’est un homme humble qui ne fait aucune distinction entre les concurrents.


8h, le départ est donné aux 795 coureurs. 3km plat le long de l’Isère. Je retrouve Manu (un autre), nous échangeons quelques mots et entamons La Montée (26km et 2600m+).

 

Ca monte tout de suite très raide, je sais que ça va être long, je trouve mon rythme et n’oublie pas de courir dès que le terrain me le permet.

Un ballet d’hélicoptères au dessus de nos têtes rompt la monotonie de ma foulée dans un vacarme parfois désagréable.

1h15 de course, cela fait 1h que je grimpe non-stop. Coup d’œil sur mon altimètre : 1126m+. J’aurais au moins battu un de mes records aujourd’hui.

Le 1er ravito arrive après 1h37’ de course pour 12.6 km et 1300m+. On me compte 66ème.

Ca monte encore jusqu’à la Roche de Mio (altitude 2700m) avant de redescendre 3km (200m-) pour atteindre le col de la Chiaupe (km24, 2100m+ cumulé)

Reste la partie sommitale pour atteindre le glacier situé à  3000m d’altitude (km28.4)

Cette dernière partie est vraiment abrupte (600m a gravir en 4km), dans un champ de pierres.

Je suis parfois obligé de poser mes mains pour ne pas glisser, ça ressemble à de la varape sans baudrier. Mes lombaires se font sentir, je tente de me redresser et manque de basculer en arrière. 

J’approche les 3000m d’altitude, mes pas sont petits, lents et lourds. Mes compagnons de route sont dans la même situation. J’ai l’impression de ne pas avancer. Pourtant l’altimètre progresse. Je pose 2 doigts sur ma carotide…..pas besoin de chercher mon pouls, je suis bien en plein effort !

Enfin, une cohorte de spectateurs (montés en télécabine) : c’est le Glacier de Bellecote !

Je reconnais l’entrée de la grotte de glace visitée le mercredi précédent avec les enfants.

Un point d’eau, je remplis mon bidon, prends une grande inspiration et repars.

3h27’ de course pour 28.4km et 2700m positif.

Super La Descente……et non, il y a encore une barre rocheuse à passer pour monter à 3050m d’altitude (mon second record personnel de la journée). On m’annonce que je suis 66ème. (même po fait exprès !)

Cette fois, c’est vraiment La Descente. Quelques foulées pour étirer mes quadriceps et il faut obliquer à gauche, sur un beau névé pour suivre le balisage. Je pose mes fesses sur mes talons, m’équilibre avec mes bras, glisse quelque secondes, m’imagine sur un toboggan géant et…..me retrouve planté avec de la neige jusqu’au genoux ! J’observe alors un groupe de coureurs contourner le névé par la droite à bonne vitesse. Ils ont du bien rire en me voyant au milieu de ma banquise. Le temps de me réchauffer les fesses et les mains et je reprends, motivé pour entamer une belle descente.

J’arrive au 3ème ravito  (km34) après 4h00 de course. Je poursuis la descente jusqu’au « Dérochoir » et mesure mes progrès en descente. Seuls 2 coureurs m’ont doublé « à la régulière », je fais jeu égal avec  2 ou 3 autres.

Après un beau chemin en balcon, j’entame la dernière « grimpette » pour atteindre le col du Carroley (km42). Je ne suis pas au mieux et perds quelques places. Serais-je en train de payer

ma belle descente ? Il ne faut pas craquer, il y a presque 5h de course, un coup de « moins bien » n’est pas anormal. Je m’accroche, regarde mon altimètre car je sais que le col est à 2400m d’altitude. Plus que 100m à monter….50m….c’est fini !

Je peux penser à descendre. Descendre 13km non stop.

Quelques centaines de mètres pour adapter ma foulée en « mode descente » et j’arrive au ravito de Plagne Bellecote (km44).

3km de montagnes russes sur une piste de ski de fond pimente la descente, j’en profite pour reprendre 1 coureur qui marche dans les parties montantes. Je veux creuser l’écart pour qu’il ne revienne pas sur moi par la suite.

Viennent alors 3 km de pur bonheur. 3 km de moquette composée de mousses tendres et d’épines de pins, à l’ombre. Peu de cailloux, de rares racines, je prends de la vitesse. 3 ou 4 virages bien négociés. Je me sens des ailes, j’ai des sensations de vitesse. Je comprends que je vais terminer la 6000D.

Pourtant un coureur me rejoins et me double avant le dernier point d’eau.

Je sais qu’il nous reste alors 5km et 830m à descendre pour atteindre l’arrivée.

Nous saisissons chacun un gobelet à la volée. Il me prend 10m…20m…30m.

Je vois son drapeau breton flotter devant moi. Ce n’est pas possible, je ne peux pas le laisser filer.

Je m’accroche, l’écart ne se creuse plus. Un pif-paf bien négocié et je recolle.

Je relève mes lunettes de soleil….  « Ah ! je vois déjà mieux ! »

Notre allure n’a pas baissé. Nous en profitons pour reprendre 3 ou 4 coureurs.

Je connais le dernier kilomètre. Je décide d’attaquer à la flamme rouge que j’imagine quand on coupe la départementale (Ben oui, moi aussi je regarde le Tour !) Je vide mon bidon par terre, le recale, et passe à gauche. Je prends quelques mètres d’avance. Il reste environ 700m. La Croix Rouge relève un coureur….si près du but c’est c.. !

Ai-je attaqué trop tôt ? Je sers les dents, je traverse la voie ferrée puis attaque le tour de lac.

Sophie est là avec les enfants. Yann me crie « Papa, reviens ! » (oui ! oui ! je ne fais qu’un tour, rassure-toi !) Ewen tente de m’accompagner. (Désolé, je ne peux pas t’attendre). Sophie me lâche un « T’arrêtes pas ! Ca revient derrière ! »

6h05’45’’ de course. 72ème a franchir la ligne d’arrivée.

Ca c’est fait !

Une bonne séance de cryothérapie dans le plan d’eau de Macot-La Plagne me rafraichit.

15h00, je reprends le volant, les vacances sont terminées, il est temps de rentrer se coucher 800km plus loin.

 

Manu

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